Programme complet des prochaines sorties Esteren !


 Photo de l'un de nos souscripteurs avec quelques-unes des sorties prévues pour ce second semestre / Photo : La caverne des Trollistes

Le second semestre s'annonce riche en sorties pour les Ombres ! Voici le programme :

SORTIES DU 8 JUILLET 2016

La date est validée par notre distributeur Iello ! Pour chaque référence, nous prévoyons un article détaillé mais voici déjà quelques informations :
Vous retrouverez en boutique :
- Manuel de la Lune Noire. Un livre de 74 pages avec comme invité l'artiste Yoann Lossel, dont voici le pitch : Le Manuel de la Lune noire est un ouvrage rédigé par l’occultiste Steren Slaìne et annoté par l’aliéniste Enyl Mac Bedwyr. Leurs points de vue sont grandement divergents sur la nature des phénomènes étranges observables en Tri-Kazel. Cette confrontation devrait offrir des arguments et des éléments de méthode d’investigation, tant aux passionnés du paranormal qu’à leurs détracteurs. Vous pourrez également retrouver quelques exemplaires de l'édition limitée.
- Recueil de nouvelles Hantises. Notre premier recueil de cinq nouvelles horrifiques dans l'univers des Ombres, sous la direction de Nel & d'Iris.
- Carnet de note Esteren. Ecrivez vos propres histoires avec ce carnet vierge de 120 pages sur papier ivoire, couverture rigide gravée et dorée, marque page en tissu :)
- Set de 10 Feuilles de Personnage. Une aide de jeu qui nous a été longtemps réclamé !

Visuels de l'édition anglaise pour la Lune noire et Hantises
qui seront similaires à la version originale en français.

SORTIES DU  16 SEPTEMBRE 2016

Là aussi, la date a été validée par notre distributeur. En attendant les articles complets, voici une petite preview sur ce que vous retrouverez à la rentrée :

- Cartographie de Tri-Kazel. Quel projet ! Initié en 2013, ce supplément a mobilisé toute l'équipe artistique des Ombres et en particulier le talentueux Akae qui a réalisé cinq cartes géantes d'une ampleur encore inédite jusque-là. Nouveau standard du genre, ce supplément devrait ravir les fans de cartographies ! Découvrez la preview ici.
- Tuiles Cavernes. Ce supplément inclut cinq planches de tuiles cartonnées représentant les méandres d’une grotte : vous pourrez vous en servir en conjonction avec le scénario du Livre 2 "Un Choix de vie" ou bien pour imaginer vos propres dédales...! Retrouvez un article d'Iris détaillant leur conception et incluant une preview ici.

Extrait de l'une des cartographies


NOVEMBRE 2016

La date reste à préciser mais nous pouvons déjà annoncer l'arrivée en boutique des références suivantes :
- Occultisme. Supplément de 136 pages concentré sur l'occulte, ce théma inclut le troisième album de notre collectif RISE dont vous pouvez écouter des extraits par ici.Vous pourrez également mettre la main sur quelques exemplaires de l'édition limitée. Voici une courte présentation de l'ouvrage : Destiné aux meneurs de jeu, ce nouveau supplément pour les Ombres d’Esteren explore l’occultisme. Qui sont les tenants de cette science étrange ? Comment les occultistes sont-ils organisés ? Que recherchent-ils ? Au-delà des pouvoirs mystiques des demorthèn et des Élus du Temple, existe-t-il une autre source de puissance surnaturelle ? En explorant ces questions, les Personnages vont être confrontés à des mystères qui pourraient remettre en cause leurs convictions !  
- Voyage Culinaire : Gastronogeek. Un joli projet mené avec notre ami Thibaud Villanova, ce menu complet vous propose trois plats Tri-Kazeliens : une entrée, un plat et un dessert. Issu de la campagne de financement participatif qui a soutenu la sortie d'Occultisme, vous retrouverez quelques exemplaires du Voyage Culinaire dans votre boutique préférée !

 Extrait du Manuel de la Lune noire

Juin 2016 : un point sur les chantiers

Bientôt l'été et nous avons de nombreux projets en cours ! Voici un article pour vous tenir au courant des différents chantiers entamés.

Livraisons

Nous venons d'achever les livraisons de la campagne de souscription "Occultisme & Lune noire". L'occasion de se pencher sur l'avenir ! Car il y a encore fort à faire. Que reste-t-il encore à livrer parmi les ouvrages ayant figuré en souscription ?

Livre 0 - Prologue, collector. Pour accompagner cette nouvelle édition, plusieurs illustrations ont été rafraîchies (voire refaites, ainsi les portraits des prétirés). Il est possible que le texte change à la marge du côté des scénarios pour affiner l'articulation avec la campagne Dearg.

Livre 3 - Dearg. Beaucoup d'attentes sur cette campagne qui aura été marquante à bien des égards. Les meneurs inscrits sur le forum officiel Esteren peuvent suivre les previews dans la section "Secrets". Nelyhann travaille actuellement sur les derniers textes de la campagne. Il s'ensuivra simultanément des relectures de fond & reprises et la préparation des illustrations. Afin d'éviter les spoilers des joueurs, nous serons probablement assez modérés sur ce blog et ne vous montrerons pas autant de choses que nous le pourrions, mais soyez assurés que vous serez tenus au courant de chaque étape !

Pas de date encore pour ces volumes, nous pourrons les préciser efficacement quand les PDF seront prêts. Dès que j'aurais du neuf, vous serez informés sur ce blog :-)

Créations en cours

Si vous avez déjà un peu suivi les articles publiés, vous devez avoir une assez bonne idée des projets en cours. Voici un petit topo :

Traque. Texte prêt, en attente de validation finale. Illustrations en cours. L'idée était de rassembler tous ceux qui s'intéressent aux monstres -- feondas et autres bizarreries -- dans le même livre. Il ne s'agit pas d'entrer dans les détails de l'organisation des Ronces ou des Hilderins, mais plutôt de proposer des pistes et options de jeu pour s'aventurer dans les terres sauvages. Le tout est pensé pour pouvoir être lu par les joueurs et les meneurs.

Bestiaire : Beautés mortelles. Texte prêt, en attente de validation finale. Illustrations en cours. Formant en quelque sorte le contrepoint "pour meneur" de Traque, Beautés mortelles présente de nombreux périls de la péninsule. Certains sont naturels (environnement, animaux... comme le chitineux illustré par Chris) d'autres plutôt surnaturels (feondas, dont des dréins). Le thème des fantômes ou assimilable en revanche n'est pas abordé. Pour le jouer, il faut plutôt se référer à Occultisme ou au Manuel de la lune noire. L'optique est définitivement orientée vers les terres sauvages : mer, souterrains, landes et reliefs arides, forêts, marécages. En ce sens il peut faire écho et être complémentaire à Livre 2 - Voyages, mais reste autonome, comme chacun des ouvrages ici présentés.

Forêt engloutie. Rédaction bien avancée, tests en cours ; illustrations entamées. Ce supplément vise à donner au meneur un grand "bac à sable" avec les mystères de la région lui donnant son titre comme fil rouge. La Forêt engloutie, sauvage et mal connue offre de nombreuses potentialités d'aventures. Les PJ sont liés à un domaine noble de la région et sont ainsi en position de pivot pour, au choix : chercher à démêler les intrigues liées au maisons nobles voisines et à l'ordre hilderin qui restaure la citadelle de Deas non loin ; découvrir une faune et une flore uniques ; affronter des ennemis brutaux, frustes et puissants ; lever le voile des secrets de la région. En travaillant sur ce livre, je me suis efforcée d'aménager des axes de jeu thématique (action, mystère, intrigue) dans le cadre, et de l'inscrire dans la gamme : venir à la Forêt engloutie après avoir joué la campagne de Dearg dans son ensemble ; ou bien aller à Dearg après (ou pendant) un cycle de départ "Forêt engloutie" ; ou encore démarrer "Forêt engloutie" et poursuivre sur les thématiques d'intrigues en utilisant les options de jeu envisagées dans "Noblesse" ou le scénario "Dùlan". On pourrait aussi utiliser Forêt engloutie comme point de départ pour des aventures de type "Traque" & "Beautés mortelles", le cadre s'y prêtant bien.

Noblesse. Rédaction entamée. Il s'agit d'un supplément consacré à... la noblesse... Il devrait aborder des thématiques politiques : rôle des bardes dans ce milieu, l'ambition, la gestion de domaine, les périls et influences de maisons nobles... Utilisé avec Forêt engloutie, il peut servir aux PJ pour développer leur petit domaine marécageux et l'aider à devenir une maison respectable, voire d'importance.

Dùlan. Rédaction entamée. L'idée est de proposer un scénario ayant une composante politique & intrigue forte. L'histoire pourrait être joué par des PJ "simplement aventuriers", sans lien avec la noblesse et comptant retourner à leur vie d'aventures après, ou bien au contraire, ouvrir les portes à une élévation sociale, pour ceux qui savent (ou veulent) saisir les opportunités qui se présenteront. On s'éloigne des terres sauvages pour découvrir les allées du pouvoir et les jeux d'influence.


J'ai également quelques canevas low fantasy qui mijotent... et bien des brouillons, mais ceci est une autre histoire ;-)



Les chitineux, une menace venant des profondeurs, par Chris.

Figure : l'artisan subtil

L'année 2016 sera celle de la fin des commandes de mécènes ! (si, si, j'y crois ! et ce ne sera pas trop tôt, j'aurai vraiment lutté pour qu'on parvienne à en voir le bout ! ^^)

Gawain a ici réalisé une illustration représentant un artisan... qui n'est pas exactement qu'artisan...

Le mécène tenait à ce que le visage de la figure évoque celle d'un acteur britannique assez connu (plutôt des rôles en série). Il s'est illustré dans des comédies (en étant capable de jouer des abrutis finis) et dans des rôles nettement plus sérieux, avec des personnages ambivalents, très intelligents.

Saurez-vous reconnaître l'inspiration ? ;-)






Et la version finale :


Bestiaire : le drewlyfig

Au cours du feondage, il est apparu que le "feond paresseux" ne recueillait que 3 suffrages / 2.1% des votes. Autant dire que personne ne l'aime ! Et pourtant, ce concept peut être très amusant à jouer (du point de vue du MJ s'entend !). J'avais en effet conçu un "machin" assez improbable, tenant du nénuphar tueur, discret, en embuscade et très, très prudent. Ce feond est du genre à n'attaquer que s'il est sûr et certain de son forfait. Patient et pragmatique, c'est une sorte de pêcheur qui attend une bonne occasion, changeant ponctuellement de site de pêche... car je pense qu'on peut dire de lui que c'est un pêcheur de pêcheur ^^

Chris s'est attelé vaillamment à donner une forme à une créature justement assez informe, autant dire que je ne lui ai pas facilité la vie ! Il aura bien galéré, mais au final je trouve qu'il s'en est bien sorti en parvenant à traduire visuellement, de manière plutôt fidèle, la... hum...  "chose".












 Et la version quasi finale / finale :




Vue des épavières

Dans le cadre des travaux en vue de réaliser le Bestiaire "Beautés mortelles", des paysages et sites emblématiques sont explorés. De mon côté, je prépare en amont la documentation pour faciliter (autant que faire se peut) la vie des illustrateurs, souvent au travers de tableaux Pinterest dédiés.

Chris nous livre ici un paysage marin en pleine tempête qui me semblait parfait pour donner un aperçu de l'ambiance dans les Epavières, ces îles funestes, qu'on devine depuis la pointe de Hòb...




Et la version finie / quasi finie :



Ambiance clair-obscur : en état de siège

Plusieurs illustrations récentes ont fait l'objet d'un travail dans le style du clair-obscur : des scènes en intérieur, de nuit, éclairées à la bougie, avec un contraste entre la lumière chaude des flammes et la profondeur des ombres. Parmi les grands noms de l'histoire de l'art qui se sont illustrés dans ce style de mise en scène intense, on compte le Caravage, Georges De La Tour ou encore Rembrandt.

Un exemple de clair-obscur (je n'ai plus retrouvé la référence originelle trouvée par Nel', mais bon, tous les clairs-obscurs ont en commun... d'être clair-obscurs :-P)



Voici un exemple des études de Gawain autour du thème d'une communauté en état de siège :





Et la version finale / quasi finale :


Livraison d'Occultisme et Lune noire : un retour

Dans la grande aventure du crowdfunding, la partie logistique et livraison n'est pas la plus enthousiasmante... elle n'en est pas moins essentielle. Un auteur ou un studio indépendant comme nous le sommes doit se préparer à assumer cette part du contrat avec soin. Il sera peut-être temps d'y revenir en détail à l'occasion d'un article dédié.

Alors que les souscripteurs recoivent leur colis et que certains postent des photos sur le web, un message nous a particulièrement touché :

Donc, voilà, en laissant quelqu'un prendre son temps, on obtient de superbes choses. Un peu de patience est le prix à payer pour avoir ce type de matériel qui est, quand même, il faut bien le dire, de grande qualité !

L'article complet : http://lacavernedestrollistes.over-blog.com/2016/05/merci.html



Formation Crowdfunding - 25 mai

Rendez-vous mercredi 25 mai à 16 heures au Dernier Bar avant la Fin du Monde à Paris (Châtelet) pour une formation Ulule sur le crowdfunding JDR avec Nel.

Retour d'expérience, astuces, ce qu'il faut faire, ce qu'il ne faut pas faire... nous faisons du crowdfunding depuis 2012 et ce nouvel outil nous permet d'envisager une pérennisation de notre aventure. Comment tirer partie de ce formidable outil, comment éviter les pièges : rendez-vous pendant cette formation de deux heures.

Inscription gratuite, places limitées : https://www.eventbrite.fr/e/billets-formation-specialisee-jeu-de-role-25052695286

Figures : La Ronce Cendres

Evolena est une de nos relectrices parmi les plus méticuleuses et elle a apporté de grandes contributions à l'Esteren Maps ainsi qu'aux City Maps de Tri-Kazel. Pour la remercier nous tenions à lui faire un petit cadeau et lui avons proposé de contribuer à la conception d'une figure.

Cendres est membre de l'ordre des Ronces et est pressentie pour figurer dans l'ouvrage portant actuellement le nom de travail "La Traque". J'avais dans l'idée d'y rassembler plusieurs combattants et voyageurs de styles et d'origines variés : un chevalier errant, un Hilderin déchu, deux Ronces travaillant ensemble, un enfant de Neven.

Sur la partie que je mène par forum, Cendres était stationnée à Swelbecky, hameau misérable ayant les pieds dans le vaste marais de la Forêt engloutie.  C'est un personnage auquel je me suis attachée et j'ai l'audace de croire que mes joueurs l'apprécient aussi (ainsi que son comparse, le nettement moins souriant, pour ne pas dire sinistre et effrayant : Roparz)





Et la version finie / quasi finie




Dans les tiroirs : Horizons

Certains le savent, à l'occasion je me pique d'écriture romanesque pour le plaisir. C'est l'occasion de tester des idées, des ambiances, et n'écrire que "pour moi" sans contrainte de rendu (date, volume) ou de contenu, ou de style d'ailleurs ! 

Dans le cas d'Esteren, j'avais ébauché un plan d'ouvrage qui me plaisait bien, mais il n'y a que 24h dans une journée, et les semaines sont elles-mêmes bien remplies. Cette histoire devait mettre en scène des protagonistes qui, entretemps sont devenus pour certains des figures de l'univers s'exprimant dans des encarts narratifs. J'ignore si je trouverai le temps (l'énergie surtout !) de poursuivre la rédaction, mais j'ai pensé que ce texte pouvait donner une idée de ce qui se déroule dans les coulisses et les chemins parfois tortueux de la création. 


(Et un essai perso de carte de varigaux en prime ^^)

Partie 1 : Racines

01 – Une saison hostile

La ligne d’horizon était incertaine, comme effacée entre des nuages bas et la neige qui recouvrait forêt et montagne, et malgré tous ses efforts pour l’atteindre du regard, elle ne voyait rien de mieux que des ombres grises et fugitives qu’elle avait peut-être même imaginées. Pour être sûre, il lui faudrait aller sur place, mais cela impliquait de quitter la relative sécurité de la tour de guet de son village.

Seule, elle se tenait debout à observer et chercher depuis le petit matin. À force de rester presque immobile, elle s’engourdissait, et entreprit de bouger un peu pour se réchauffer. L’hiver était long, mais les Anciens, comme Grand-mère Macha, disaient que c’était bien pire par le passé. On disait qu’auparavant des gens étaient morts de froid à l’intérieur de leurs maisons, endormis pour toujours dans l’âtre éteint, faute d’avoir préparé suffisamment de réserves de bois sec. Des clans entiers s’étaient réfugiés dans des cités troglodytes, à la recherche d’un abri contre les intempéries. On prétendait que certains étaient devenus des sortes de bêtes sauvages arriérées vénérant des esprits impitoyables qui exigeaient des sacrifices cruels pour continuer de veiller sur eux.

Pas de fumée s’élevant, ni de route où circuleraient marchands ou chevaliers. Il n’y avait pratiquement pas âme qui vive à un jour de marche à la ronde. Le village de Didean avait été fondé par une communauté qui avait fui le royaume de Gwidre pour échapper aux persécutions qui frappaient les tenants de l’ancienne religion. Leurs ancêtres s’étaient délibérément installés dans ce val de moyenne montagne encaissé, coupé du monde et devenu leur refuge. Cela datait du temps des parents de Grand-mère Macha. Depuis, ils avaient toujours défendus âprement leurs traditions et leurs valeurs. Ils parlaient un dialecte des Mòr Roimh, les hautes montagnes dont ils étaient originaires mais d’où ils avaient été chassés par les tenants d’une croyance qui n’était mentionnée ici qu’en crachant au sol son mépris. Seule une minorité avait fait l’effort d’apprendre sérieusement la langue commune de la péninsule, le tri-kazélien, les autres baragouinaient.

Pourquoi d’ailleurs prendre cette peine ? Ethne s’appuyait sur les rebords des fenêtres de la tour de guet, posant sa tête sur ses avant-bras, prise d’un élan de mélancolique. Elle avait appris, avec entrain, mais jamais elle n’avait pu aller plus loin que les bords du val… et les étrangers ici étaient si rares… Scaìl, le demorthèn, leur guide spirituel, avait quelques amis ailleurs, ses semblables. Parfois un varigal, guide et messager assurant la liaison entre les communautés de Tri-Kazel, s’hasardait dans les environs, empruntant un raccourci pour joindre des villages et cités qui, tous, étaient plus importants que Didean.

L’arrivée d’un varigal était un événement heureux, la seule occasion d’avoir des nouvelles d’ailleurs. Le dernier à être venu s’appelait Jarn le balafré, Ethne s’en rappelait bien. Il avait une apprentie, une jeune fille rousse avec une longue écharpe bleue du nom d’Yldiane. Prenant conscience que des gens qui avaient à peu près son âge pouvaient être pris comme apprenti-varigal, elle avait, en vain, demandé à partir avec eux. Jarn avait refusé. Les siens ne prennent qu’un élève à la fois disait-il. Mais ce n’était pas la seule raison : il avait vu les regards sombres que les hommes de Didean lui avaient lancé. Il devait savoir que le village ne laissait pas partir ses enfants, pas sans une contrepartie qui compensait cette perte.

« Ethne, tu as fini ton tour de garde, tu devrais rentrer te réchauffer un peu avant de repartir ! » lui lança Cilian, son cousin et son fiancé. Elle réprima un soupir pour ne pas laisser voir que cela lui était bien égal, et se força à lui rendre un sourire.

Baere, son amie d’enfance aux belles et longues nattes auburn, lui avait dit plusieurs fois à quel point elle avait de la chance : jamais Cilian ne porterait la main sur elle, il était d’un bon naturel et avait même le béguin pour elle. Ethne n’avait pas peur des coups, surtout ceux de Cilian : elle était meilleure que lui à la course, à la lance, au couteau, et même aux poings. Quand elle pensait à lui, elle se sentait surtout résignée et ennuyée. La pauvre Baere quant à elle avait été mariée au guerrier Calvagh, valeureux et redoutable, un colosse invaincu, mais aussi un tyran domestique qui terrifiait sa jeune épouse quand il ne la brutalisait pas. La communauté était trop étroite, le sang aurait risqué de s’affaiblir si les unions n’étaient pas mûrement réfléchies par le conseil du village. D’après ce qu’elle avait entendu à demi-mot des varigaux, les mœurs ailleurs étaient très différentes… mais tout ce qui avait lieu au-delà de l’horizon du val appartenait à un autre monde.

Cilian monta l’échelle jusqu’au poste d’observation. Il avait conscience que sa fiancée ne partageait pas son enthousiasme à l’idée de leurs noces au début de l’été. Ce n’était pas grave, il était d’un naturel patient. Jamais il ne se plaignait que l’hiver était trop long. Jamais il ne pestait contre les longues heures monotones et répétitives. Il appréciait le calme, les tâches minutieuses, excellant à travailler le cuir, au point que nombre de villageois venaient le voir pour commander contre troc, tel une sacoche, tel un gilet, pour eux-mêmes ou pour offrir. Le conseil du village lui avait octroyé des privilèges à la mesure de leur communauté : tous les grands travaux collectifs, dans les champs ou pour la réfection des toits de chaume lui étaient épargnés.

« Ton frère a préparé le paquetage de vivres pour Scaìl. »

Depuis que sa mère Quara était morte de maladie, l’hiver dernier, en même temps que plusieurs bêtes et villageois, l’ambiance sous le toit familial était morne. La cheminée n’avait pas bougé, les instruments et outils étaient tous à leur place habituelle, et pourtant tout avait changé. La maison était devenue une coquille vide qui s’obstinait à donner une illusion de vie par la force des habitudes maintenues.

Ethne hocha la tête. Une de ses tâches consistait à ravitailler le demorthèn Scaìl qui logeait près du sanctuaire de l’esprit sauvage qui veillait sur le val.

« Ne t’inquiète pas, ils reviendront bientôt. »

Son père et son oncle étaient partis voilà une dizaine de jours pour Helefrt, un des plus proches villages pour y reprendre Heulwen, la sœur d’Ethne qui s’était mariée là-bas. Apparemment elle n’avait pu s’adapter à son nouveau foyer. La belle-famille avait accepté le départ de la jeune femme, alors même qu’elle était enceinte, à condition que soit payé un dédommagement. C’était en quelque sorte un juste retour des choses : le conseil de Didean avait réclamé un paiement important en céréales et métal pour la laisser partir, et elle abandonnait son mari pour revenir.

Pourquoi s’obstiner à la chercher en plein hiver ? La réponse tenait à l’enfant : s’ils avaient attendu le printemps, il aurait appartenu à Helefrt, son lieu de naissance et où résidait son père. Didean retrouvait sa fille prodigue et gagnait un peu de sang frais. Mais cela revenait à faire courir des risques importants à tous les voyageurs. Pour gagner un nouveau-né, on jouait avec la vie de trois personnes.

Ethne avait été sur le point de partir quand Cilian précisa : « Je vais les guetter, nous irons à leur rencontre même si tu n’es pas là. ». Il se donnait de la peine ; cela ne faisait que la culpabiliser. Elle n’était qu’une ingrate de ne pas se montrer à la hauteur de ce que les siens faisaient pour elle.

« Merci. » émit-elle avec un mince sourire.

Descendant prestement l’échelle de bois légèrement couvert de givre, Ethne ne prêta aucune attention à la laide neige grise, à demi-fondue des sentiers du village, tout le contraire de la beauté immaculée de celle qui recouvrait les terres sauvages. Les hautes palissades entourant le Deidean empêchaient de voir au-dehors. Elles étaient une protection contre les nombreux périls de la forêt et des ombres, mais elles bornaient aussi l’horizon durant les premières années de la vie. Il était interdit aux enfants, par mesure de sécurité, de jamais sortir sans adultes armés pour veiller sur eux. À l’intérieur de l’enceinte, les habitations semblaient disposées au hasard, imposant des déplacements sinueux. Les bâtiments de bois étaient munis d’épais toits de chaume très pentus arrivant presque au niveau du sol. Point de fenêtres, tout juste des soupiraux pour laisser filtrer la lumière dans la pénombre de l’intérieur. Autour se trouvaient de petits jardins, des ateliers sous des abris, des porcheries et des poulaillers.

Ethne marchait en songeant à quel point son foyer était triste en cette saison. Le bois des maisons paraissait d’un brun sombre, le sol était soit gelé, soit boueux, et le ciel généralement couvert, n’offrait que quelques heures d’un jour pâle. Cela avait beau peser sur le moral, les enfants riaient et criaient avec conviction autour de la demeure de la dàmàthair. Rhozin et Rodrid son époux partageaient la même fonction au sein de la communauté. Ils avaient la charge de s’occuper des plus jeunes durant la journée pour permettre aux parents de travailler à l’extérieur ou d’effectuer des gardes. Le couple avait le devoir d’assurer l’instruction, de veiller sur la santé et la sécurité. Tous deux s’entraînaient régulièrement au combat et étaient d’un niveau tout à fait honorable par rapport aux standards de Deidean. Leur demeure était la seule place forte du village. En cas d’assaut, la dàmàthair devait protéger coûte que coûte la jeune génération. Par le temps passé avec la dàmàthair il était courant que les enfants lui soient autant sinon plus attachés qu’à leurs propres parents. L’enfance était chérie. Ethne approuvait ces efforts et cette organisation comme une évidence. La plupart des souvenirs de ses jeunes années étaient heureux. Courses, cache-cache, contes effrayants ou romantiques, leçons, jeux d’adresse, rudiments de maniement des armes… tout cela avec un profond sentiment d’appartenance. Avoir une place, être aimé, savoir qui l’on est, avoir tout ce dont on a besoin sans avoir besoin de se poser de questions. Il n’y avait jamais eu à cette époque de place pour le doute.

Près de la demeure de la dàmàthair se trouvait une petite place dominée par un hêtre vénérable qui figurait l’Arbre de Vie dans les prières de la communauté. L’ansailéir, chef du village, habitait là aussi. Loeiza, barde bossue, en sortait. Ethne s’approcha : « Alors ? » demanda-t-elle simplement. L’état de santé d’Abhainn était connu de tous. Le vieux dirigeant s’affaiblissait de jour en jour. Certains pensaient qu’il ne passerait pas l’hiver, d’autres étaient d’avis qu’un homme aussi robuste que lui pouvait décliner encore pendant plusieurs mois voire un ou deux ans.

« Rien de différent, ni en bien ni en mal. Il reste d’un stoïcisme rare face à la douleur. Un modèle pour nous tous, une leçon pour les petits enfants. Je dirais même qu’il en devient un réconfort pour les vieillards et les infirmes qui voient qu’il y a parfois pire que ce qu’ils vivent en permanence… Plus intéressant : il a accepté que cette brute de Calvagh soit désormais présent durant les réunions du conseil du village. Cela nous pendait au nez : il va devenir officiellement son successeur, mais je ne t’ai rien dit, hein ? »

Par son passé et les épreuves qu’elle avait traversé, Loeiza estimait être légitime à pester, se moquer et écraser ses victimes de sarcasmes. Elle n’épargnait pas nécessairement Ethne, mais celle-ci supportait assez bien les piques sans s’emporter, de sorte que la barde bossue avait fini par apprécier à sa façon la jeune fille. Elle lui reprochait souvent d’être incapable de mentir correctement. En lui avouant une information qui n’était pas encore connue, Loeiza espérait qu’elle serait capable de la dissimulée :

« Moi ? J’aurais entendu quelque chose d’importance de la barde ? Mais voyons, nous n’avons parlé que du seul sujet qui intéresse la communauté : l’hiver qui s’attarde ! » fit Ethne en cabotinant avec un grand sourire. Moue mi-figue mi-raisin, la barde n’en rebondit pas moins :

« Ah ça oui, il a décidé de s’accrocher cette année ! À croire qu’il refuse de partir sans avoir emporté la moitié des nôtres, mais il faudra se donner plus de peine pour prendre ma carcasse tordue !

- Vivement le retour du printemps !

- Chaque année tout paraît mort, et chaque année on désespère de revoir les fleurs et la chaleur… Pourtant elles reviennent toujours. Même les pires crises ont un terme. Tâchons de faire parti des survivants pour prospérer durant l’été ! »

Son ton était soudain empreint d’une douceur douloureuse. La barde Loeiza s’y connaissait en matière de survie. Elle était l’incarnation même de la rage de vivre et de la détermination sans faille qui permettent de surmonter les obstacles qui paraissent insurmontables. Savoir qu’elle n’avait été épargnée malgré son infirmité que pour son intelligence l’avait profondément marqué. Les enfants affligés d’un handicap étaient éliminés de la communauté au plus tard à cinq ans, à la fin du premier des trois cercles d’âges constituant la minorité. Le demorthèn Scaìl, chef spirituel, allait les offrir à ce titre, aux esprits de la nature. Il fallait constamment œuvrer pour maintenir l’équilibre et s’inspirer en cela du monde sauvage. Les bêtes gravement malades et infirmes mourraient très vite, ainsi devait-ils en être des humains. Loeiza à l’âge de cinq ans connaissait de nombreux mythes et jouait déjà remarquablement de la flûte. Le conseil du village s’était réuni et avait fini par s’accorder sur le fait que son talent compensait son handicap. Elle valait la peine qu’on la laisse grandir. Mais l’enfant qu’elle était également consciente de ce qu’elle devait se maintenir à niveau, sous peine de connaître un jour un tragique accident en forêt. Ce n’était que lorsqu’elle était devenue barde à part entière de Didean et avait pris la succession de son mentor qu’elle avait commencé à se sentir en sécurité. Malgré cela le demorthèn Scaìl s’était opposé à ce qu’elle mariât, au prétexte que le fruit de ses entrailles fût immanquablement affligé de multiples tares et qu’on ne pouvait infliger à aucun homme de n’être père que d’avortons qui ne pourraient vivre… Elle avait malgré tout fini par trouver un compagnon, qui était tantôt bûcheron, chasseur ou charpentier. L’homme était veuf , donc libre de ses unions, et passait plus de temps dans les bois que chez lui, mais Loeiza s’en accommoda, en parti pour le plaisir de la revanche que cela représentait pour elle. En partie parce qu’elle avait désormais un véritable foyer.

Ethne connaissait toute l’histoire.

Tout le monde savait tout de chacun.

« Tu ne devrais pas trop tarder. Non que je m’inquiète de ce que ce grincheux de Scaìl ait son repas, mais il risque de neiger, il vaudrait mieux que tu sois revenue à ce moment-là. »

Répondant seulement par un sourire, Ethne partit chez elle, au domicile qu’elle partageait avec son père et sa fratrie non mariée. Sa future maison serait bâtie à l’occasion de son mariage, par tout le village réuni, célébrant et accueillant le nouveau couple dans la communauté et lui souhaitant d’avoir de nombreux enfants. Sa maison actuelle allait nécessiter des travaux à la belle saison. Le jour était terne et gris, mais en contraste avec l’intérieur, il paraissait d’une vive clarté.

L’ensemble était typique, bâti selon un plan rectangulaire. L’entrée était un peu en retrait par rapport aux bords du toit pentu couvert de chaume, de sorte qu’il était possible de s’abriter des intempéries sous cette espèce de porche. Elle ouvrit et referma très vite pour que la chaleur ne se répande pas au dehors. Dans la petite entrée elle ôta ses bottes pour ne pas ramener de boue à l’intérieur. La première chose qui frappait, en même temps que la pénombre, était l’odeur de fumée. Ethne se dirigea au jugé vers le foyer qui n’était animé que doucement et éclairait d’une lumière jaune-orangé tout ce qui lui faisait face, tandis que le reste paraissait noir, et parfois l’était du fait de l’accumulation de suie dans les intérieurs. Elle avançait sans bruit sur le parquet qui les isolait du froid du sol gelé, passant à côté de l’échelle qui lui permettait la nuit de grimper jusqu’à la soupente minuscule qui lui servait d’espace personnel.

« Tout est prêt. » dit son jeune frère Gevren jaillissant d’un recoin près de la cuisine. Dernier-né, il s’était beaucoup impliqué dans l’entretien de la maison depuis la mort de leur mère et il était devenu le préféré de leur père. Ethne l’acceptait. Comment ne pas aimer cet adolescent dévoué, endurant et sensible ?

Prenant le sac bien rempli, elle eut un signe de tête appréciateur à l’égard de Gevren mais se contenta de quelques mots sans grand rapport : « Je récupère mes armes et j’y vais. Cilian a repris la garde, il vous dira quand notre père reviendra. » Pendant qu’elle parlait, elle ajustait son carquois, son arc, et le paquet, s’assura que le manteau était correctement fermé, que rien ne risquait de s’accrocher et la gêner pendant l’ascension. Elle s’aiderait de sa lance au besoin comme bâton de marche et avait toujours une dague à la ceinture. Cette habitude n’était pas spécifique au village de Didean : en dehors de quelques personnes qui ont eu la chance de grandir dans un milieu privilégié, tout le monde fait de même. Enfin, elle remit ses bottes, ajusta soigneusement les sangles pour qu’elles tiennent bien aux pieds et que la neige ne puisse s’infiltrer dans ses vêtements.

Difficile d’estimer l’heure avec le ciel couvert, mais elle avait l’impression de s’être déjà trop attardée, avec Cilian puis Loeiza, et elle se dépêcha de rejoindra la lourde porte en bois qui fermait l’accès au village. En cette saison elle restait fermée le plus clair du temps. Des palissades de bois seules n’auraient pas suffi pour défendre la communauté contre les menaces qui pouvaient s’abattre sur elle. En dépit de la charge de travail considérable que cela représentait pour une population si réduite, une base de mur de pierres de deux mètres de haut avait été édifiée, et par-dessus se trouvait un chemin de ronde protégé par des palissades en bois. Le portail était couvert par une construction couverte d’où on dominait l’entrée. La vue était moins bonne que sur la tour de guet, mais on y était mieux protégé du froid.

Ne perdant pas plus de temps à discuter avec ceux qui étaient chargés de surveiller l’entrée, et s’élança au-dehors d’une vive foulée sur la neige immaculée et crissante.

Le village avait été édifié sur un site facile à défendre, à deux pas d’une rivière poissonneuse qui était alimentée par plusieurs ruisseaux, traversait le val, alimentait un lac aux abords marécageux, tandis que l’eau disparaissait sous terre pour rejaillir peut-être ailleurs, dans la Forêt des soupirs, bien plus loin. Il n’y avait pratiquement pas de chemins ou de ponts dans les environs. On traversait les cours d’eau aux gués, en essayant de ne pas tomber dans l’eau froide.

Ethne se laissait presque glisser le long d’une petite pente qui la menait à un passage aménagé. De gros rochers avaient été taillés pour avoir un sommet aplani et avaient été ajustés approximativement de façon à pouvoir passer de l’un à l’autre. Quelques planches sommairement travaillées avaient été posées dessus et tenues ensemble par des cordes. Le tout était accroché à des piquets plantés de part et d’autres. Les intempéries étaient si réguliers, entre les pluies, la neige, les crues, que personne au village ne tenait à se donner trop de mal pour un ouvrage en bois qui ne durerait que quelques mois. On avait pourtant jugé bon d’essayer de mettre à profit les pierres du gué, mais cela n’avait pas convaincu les habitants d’aller plus loin dans leurs efforts.

C’est pourquoi Ethne se retrouvait aujourd’hui à examiner l’état du pont du gué, couvert de neige, et s’interrogeant sur sa solidité. Il était prévu pour tenir en principe jusqu’aux crues printanières, mais l’hiver avait été long déjà et le matériau peu soigné pouvait être prématurément usé. Elle prit le temps de bien repérer depuis la rive les rochers en soutien, qu’elle ne pourrait voir en étant sur les planches. Son idée était de franchir la distance par de grandes enjambées, comme si elle passait le gué sur les pierres, sans tenir compte du pont. Ce n’était pas difficile, et elle connaissait bien les lieux. Toute son enfance cependant on n’avait cessé de lui dire que les imprudents ne vivent pas vieux et qu’ils méritent leur sort. La prudence et le respect du savoir issu de la tradition étaient si étroitement associés au bon sens qu’ils en devenaient des synonymes de l’intelligence.

Ayant franchi le premier obstacle, Ethne prit un peu d’élan pour prendre un raccourci, grimper une bute et contempler le chemin qu’il restait à parcourir. Elle allait s’engager sous les frondaisons uniformément blanches. Si elle avançait sans se retourner, elle pouvait croire qu’elle était loin de toute présence humaine. Les derniers champs et prés étaient dissimulés par l’épais couvert blanc, de sorte qu’ils pouvaient évoquer des prairies sauvages où cerfs, caernides, aurochs et calyres paissaient librement.

Cette saison était difficile pour les humains comme pour les bêtes. Les plus faibles mouraient. Ceux qui survivaient étaient les meilleurs dans leur nature : des loups en meute, des hardes de puissants sangliers, de subtils lynx, de rusés renards et de discrets lapins. Pour trouver sa place dans le monde, il fallait savoir s’inspirer d’eux. Le demorthèn Scaìl ne cessait de le dire, c’était un de ses discours favoris.

Soufflant et reniflant avant d’essuyer la goutte qui perlait au bout de son nez, Ethne poursuivait résolument son ascension, tâchant de faire abstraction du poids de son paquetage. Stoïque, elle restait concentrée sur le chemin. Même en le connaissant bien, elle aurait tôt fait de trébucher sur une branche tombée avant les chutes de neige, ou bien de croire que le sentier était plus large ou commode qu’il n’était. Cela ne l’empêchait pas de tenter de prendre les raccourcis, en dégageant des racines noueuses qu’elle connaissait pour être faciles à escalader, offrant de nombreuses prises et lui épargnant un détour trop long pour son humeur du jour. Son pantalon était devenu humide aux genoux à force, et elle avait dû caler sa lance dans le dos, en l’accrochant de manière à ce qu’elle ne bouge pas trop.

Vraiment Scaìl, tout guide spirituel qu’il fût, aurait pu s’installer ailleurs, il était inutile d’habiter si près de la grotte sacrée du grand esprit du val ! Nourrissant des pensées blasphématrices, Ethne se demandait même si le vieux demorthèn était vraiment d’une compagnie agréable pour un être spirituel. Même eux devaient se rendre compte qu’il n’était pas drôle, pour ne pas dire qu’il était un mystique plutôt grincheux capable de violentes sautes d’humeur.