Financement participatif : De la responsabilité des porteurs de projets et du positionnement des souscripteurs
À l'occasion d'une récente mise à jour pour notre projet Dearg (qui accuse du retard), j'ai entamé un article sur le thème du financement participatif. Je partage ici avec vous ces quelques réflexions sur le sujet :
Le financement participatif est très nouveau, nous sommes tous des
pionniers et je pense qu'il y a matière à réfléchir sur les pratiques et
les expériences de chacun
Retards, vous avez dit retards !
Sur le forum, nous avons lancé un sondage pour mieux comprendre votre état d'esprit par rapport au financement participatif. N'hésitez pas à participer ici !
Nous
avons reçu quelques messages de souscripteurs inquiets ou nous
demandant une date de livraison pour Dearg. À nouveau, nous vous
présentons nos excuses pour ce gros loupé dans la date estimée de
livraison annoncée initialement. C'était une erreur de notre part, sans
doute due à un excès d'enthousiasme. La réalité est autre : le temps
d'écriture et de création d'un livre est difficilement quantifiable.
Nous avons mis 4 ans pour le Livre 1 Univers. Dearg, tout cumulé, aura
demandé encore plus de travail je pense...
Je suis navré mais,
aujourd'hui, je suis bien incapable de vous dire quand nous finirons
Dearg et quand vous serez livrés. Je préfère être honnête avec vous.
Tout ce que je sais, c'est que les choses avancent et que la rédaction
de l'épisode 4 va reprendre sous peu. Cet épisode est déjà en partie
écrit. C'est une anecdote mais plusieurs scénarios de l'épisode 4 ont
été écrits dans la période 2008 / 2009 par Iris et moi. Largement
playtestés, certains s'en souviendront sans doute... À côté de cela, je
reconnais qu'il est très difficile pour moi de mettre un point final à
cette histoire. J'avoue ne pas encore avoir décidé de la destinée de
certains personnages clefs. Tout cela vous donne un aperçu du processus
chaotique de la création d'un livre qui passe par bien des étapes avant
d'arriver entre vos mains...
De la responsabilité des porteurs de projets...
L'affaire
Dearg n'est pas anodine. Loin de là. D'autant que nous sommes témoins
de certains bourbiers dans lesquels des collègues éditeurs ou créateurs
sont enlisés. Sans compter les projets sur Kickstarter qui dégénèrent
complètement (comme celui-ci, lisez c'est assez stupéfiant).
Les projets "en retard" sont nombreux... cela ne justifie en rien notre
erreur et doit plutôt être pris comme un avertissement. Se lancer dans un financement participatif comme porteur de projet est
un acte important, qui engage tant au niveau moral que légal.
Certainement pas une chose à prendre à la légère.
Rassurons-nous, Esteren va très bien. La gamme se développe, aussi bien
en France qu'à l'international. Sur nos 5 campagnes de financements
participatifs, 3 sont livrées (pour les US), 1 autre est en passe de
l'être (Voyages pour le Ulule annoncé courant 2014 et qui sera livré
avant l'été si tout va bien). Reste le cas Dearg, qui est une exception
et qui finira par être livré. Nous essayerons au maximum de vous faire "profiter" de cette
attente en enrichissant le contenu, en vous offrant des bonus. C'est le
moins que l'on puisse faire et vous le méritez certainement !
Pourquoi
Dearg est-il à ce point en retard alors que nous arrivons très bien à
gérer les autres campagnes ? La grande différence, c'est que Dearg, au
moment de la souscription, n'était pas terminé, contrairement aux autres
livres. Par terminé, j'entends la partie créative pure : textes et
illustrations. Pour les versions US, il s'agissait de traductions, bien
plus faciles à estimer en terme de temps de réalisation. Pour la
nouvelle édition de Voyages, le contenu était intégralement réalisé et
le temps qui s'est écoulé a servi à faire la maquette, corriger, adapter
les contenus. À la lumière de cette expérience, il apparaît évident que
de proposer un contenu inachevé en souscription est très risqué. Il
reste très difficile d'estimer le temps de création, même pour des
auteurs chevronnés. Il y a dans cette évidence un paradoxe : n'est-ce
pas le sens même de la souscription que de proposer un projet inachevé
que la communauté va décider de financer (ou pas) ? Les choses ne sont
jamais simples, car les gens donnent de l’argent, le plus souvent
durement gagné, et nous devons assumer nos engagements.
Reste le
cas du Monastère de Tuath actuellement en souscription sur Kickstarter.
Certains se sont étonnés que nous lancions une nouvelle campagne alors
que ni Dearg, ni Voyages ne sont livrés. Levons un malentendu : la
campagne Kickstarter concerne l'édition US des Ombres qui suit son
propre développement, totalement indépendant de la gamme française. Exceptionnellement, nous avons proposé une contrepartie en version française afin de
satisfaire nos plus grands fans qui souhaitent compléter leur collection
(ça se termine dans trois jours d'ailleurs, ne traînez pas ! Toutes les infos ici.
... et du positionnement des souscripteurs
Cette
parenthèse sur Tuath fermée, continuons notre réflexion. J'en viens au
second versant de mon affaire : la posture des souscripteurs. Oui, un
souscripteur donne de l'argent à un porteur de projet, il est légitime
qu'il ait une attente. Si légalement, l'acte de souscription est classé comme un acte d'achat classique, philosophiquement, les souscripteurs sont plus proches des
mécènes médiévaux que des clients du XXème siècle. Et ça peut poser un
problème !
[EDIT] À ce sujet, vous pouvez retrouver l'article du patron d'Ulule où il déclare "Soit on soutient la création, l’entrepreneuriat et l’innovation, soit on va dans un magasin acheter un produit qui existe déjà, ce n’est pas la même chose du tout !" et le manifeste de Kickstarter "Kickstarter is not a store". Attention, il ne s'agit à aucun moment de dédouaner les porteurs de projet d'une quelconque responsabilité mais bien d’interroger le positionnement de ceux qui font acte de souscription.
[EDIT] À ce sujet, vous pouvez retrouver l'article du patron d'Ulule où il déclare "Soit on soutient la création, l’entrepreneuriat et l’innovation, soit on va dans un magasin acheter un produit qui existe déjà, ce n’est pas la même chose du tout !" et le manifeste de Kickstarter "Kickstarter is not a store". Attention, il ne s'agit à aucun moment de dédouaner les porteurs de projet d'une quelconque responsabilité mais bien d’interroger le positionnement de ceux qui font acte de souscription.
Les souscriptions impliquent les participants dans le
processus créatif. Vous intervenez bien en amont d'un projet, avant même
sa sortie en boutique, parfois longtemps avant sa sortie. Vous partagez
nos doutes, nos frustrations, nos joies. Quand je vous dis : j'espère
que l'épisode 3 de Dearg sera prêt en mai, je l'espère vraiment, de tout
mon cœur. Mais je ne maîtrise pas tout... et comme vous je serais bien
déçu de ne pas y arriver. Mais ce n'est pas pour cela que mous
abandonnerons, nous continuerons. Pour l'équipe des Ombres, cette
aventure, ces hauts et ces bas, cela fait 8 ans que ça dure. À mon sens,
cela fait vraiment partie d’un processus que vous êtes amenés, au
travers des souscriptions, à partager au plus près avec nous
Je
crois que les porteurs de projets devraient être très clairs sur ce
point : lorsqu'un projet n'est pas achevé et qu'il est proposé en
souscription, la page devrait le mettre en évidence et prévenir des aléas que cela sous-entend. Sans doute,
annoncer cela va tenir éloignés bon nombre de soutiens
éventuels. Mais ce sera plus honnête et au final plus sain pour le porteur du projet qui n'aura pas à gérer l'incompréhension de souscripteurs déçus.
En annonçant une date pour Dearg, nous avons sans
doute induit certains d'entre vous en erreur. Alors même que le livre
n'était pas achevé et que nous constatons avec vous la difficulté pour
en venir à bout et notre incapacité à vous donner une date de sortie. En cela, je présente nos
excuses à ceux qui éprouvent de la déception car nous aurions dû avoir
conscience de tout cela dès le début.
Il
est évident que tout cela va influencer les prochaines étapes pour la
gamme des Ombres. N'hésitez pas à nous transmettre vos sentiments et vos
retours sur tout ça, ils nous permettent d'avancer.
Merci à tous pour votre fidélité,
Bien à vous,
Nel
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