Vous voulez proposer des canevas ou scénarios (2)
A la suite de mon article précédent, j'ajoute quelques observations complémentaires qui sont plus de l'ordre de la réflexion sur l'impression que fera l'histoire que sur sa cohérence interne. Aujourd'hui le problème récurrent des personnages "neutres" qui ont trop fréquemment le même profil.Genre des figurants : homme ou femme ?
Quand vous écrivez une histoire, à moins de concevoir un huis-clos, vous aurez probablement besoin d'évoquer des figurants, des seconds rôles qui transmettent uniquement une information ou représentent une opposition ponctuelle et isolée aux PJ.Attention à la surreprésentation des figures masculines (adultes et célibataires)
Au-delà de toute question de sexisme, voici ce que j'observe typiquement : si l'on exclut les rôles associés à des stéréotypes forts de genre féminin (prostituée, vieille grand-mère un peu sorcière, mère, jolie jouvencelle, fillette malicieuse), tous les rôles "neutres" d'une histoire tendent à être tenus par des hommes célibataires de 25 ans à 35 ans.
C'est une anomalie démographique majeure : il s'agit justement de l'âge où les hommes insérés dans la société ont le plus de chance d'être en couple voire père de famille. Ne parlons même pas du fait que dans un monde où l'égalité des genres est la norme, il est plus qu'étrange de ne rencontrer que des hommes artisans, guerriers, marchands, pêcheurs, chasseurs, trappeurs, forgerons, varigaux, officiers, seigneurs.
Mon sentiment est que les auteurs de scénarios ne sont pas animés d'une volonté de perpétuer des stéréotypes, mais cherchent des figures "neutres", qui ne créeront pas de complications dans l'histoire : des hommes (moins de risque de sentimentalisme chez les PJ... eh oui !), pas jeunes (moins de prise en pitié par les PJ), ni vieux (encore une fois, moindre impact émotionnel), célibataire et sans enfant (pareil, ça émeut moins).
Seulement cette neutralité a des effets pervers en étant répétée : elle donne l'impression que la population est composée à 80% d'hommes célibataires sans personnalité ayant des fonctions productives dans la société. Au final, l'utilisation de figures "neutres" dont l'auteur du scénario peut espérer qu'ils n'attireront pas un intérêt démesuré des PJ peut contribuer à donner une sensation de fausseté, de décor en carton-pâte.
Alors que faire ?
Plusieurs solutions s'offrent à vous, mais deux en particulier me semblent à la fois simples et efficace.
La plus évidente consiste à tirer au sort pour chaque personnage certaines de ses caractéristiques :
- pair : femme / impair : homme
- 3d6 : valeur inférieure à 8 : moins de 20 ans ; 9-12 : tranche adulte "courante" 20-35 ans ; 13 à 15 : âge mûr ; 16+ : vieillard
- 3d6 : inférieur à 8 : disgracieux, laid ; 9-12 : dans la moyenne ; 13+ beau, séduisant
etc.
Les dés produiront parfois des bizarreries, ou reproduiront des inégalités que vous auriez préféré éviter, mais le plus souvent ils vous surprendront et vous obligeront à sortir des routines, au moins pour les PNJ secondaires et les figurants, mais peut-être aussi pour des figures plus importantes de votre histoire.
L'autre solution, c'est de réduire au maximum les protagonistes "neutre", les simples porteurs d'information. Tous les détenteurs d'une informations importantes sont prévus pour interagir et pouvoir se mêler de l'histoire ; il s'agit de concentrer l'histoire, un peu comme au théâtre, même si ça ne peut pas couvrir tous les cas de figure
Et si la seconde solution ne suffit pas, revenez à la première : le meneur peut parfaitement lui aussi improviser des figurants avec quelques jets et une réserve de prénoms courants.
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