Les vendredis de l'angoisse - Une Raison d'agir - EP 9
Pendant tout l'hiver, quoi de mieux que le feuilleton d'une petite nouvelle horrifique pour animer vos soirées auprès du feu ?Chaque vendredi, à 21 heures, nous vous proposerons un nouvel épisode de la nouvelle "Une Raison d'agir" écrite par Iris, l'une des auteurs des Ombres d'Esteren. Cette nouvelle sera publiée dans un recueil nommé Hantises, à paraître en 2014. Vous retrouverez plus d'informations sur cette future publication ici.
Vous pouvez retrouver les épisodes précédents :
Dans l'épisode précédent ...:
Ma tête fut tirée brutalement en arrière par l’étranger qui prenait mes nattes pour des rênes, et j’écarquillai les yeux de surprise. Une main invisible écrivait à l’envers sur le miroir. Était-ce la réalité ou une création de mon esprit qui cherchait désespérément à échapper à la fin sordide qui m’attendait ?
« Bats-toi. Tue-le. »
*
* *
Une Raison d'agir - épisode9
Un fantôme ? J’avais passé l’hiver ici, il n’y avait aucune hantise aux Hauts-Vents ! Comment ? Qui ?
« Nomme-moi ! »
Mais nommer qui ?
Soudain je compris : le corps n’était plus celui de Cethern, il l’avait perdu au profit d’un esprit maléfique, mais il restait quelque chose de lui qui était devenu un fantôme ancré à ses propres os, prisonnier d’une chair qu’il ne pouvait plus habiter. Comment ? L’armure ? Cette chose trop vivante qui semblait presque dotée d’une volonté de jouissance et d’intensité extrême de vivre ? Un objet de pouvoir ? J’avais lu des livres à ce sujet, mais je ne croyais pas avoir un jour l’occasion d’en approcher un !
« Cethern ! Cethern ! Cethern Mac Emmanon ! »
Je criais aussi fort que je pouvais, d’une voix suraiguë, à me faire mal. Je distinguai un mouvement confus dans la glace, et devinai une silhouette vaguement lumineuse dans son reflet. Je n'eus guère le temps de m'attarder sur cette vision, car déjà je saisissais le chandelier pour en frapper l’abomination. Les bougies s’éteignirent, j’entendis des coups, des chutes d’objets, mais je n’attendis pas de savoir ce qui se passait pour courir hors de la pièce.
Encore choquée, je ne sentais ni le sang qui coulait de mes blessures, ni le froid de la nuit. Je tenais tout juste debout. J’étais tellement déstabilisée qu’il me semblait être sur un bateau qui tanguait en pleine tempête. Le couloir que je connaissais si bien, une simple ligne droite d’une quinzaine de mètres éclairée sporadiquement par la foudre, me paraissait être un tunnel sans fin. Derrière moi j’entendais les hurlements de damnés en lutte, des fauves qui s’entre-déchiraient. À peine arrivais-je au bout du couloir que j’entendis le pas lourd de mon ennemi.
« Ton plan, c’était une bonne idée. »
Il me semblait entendre Cethern, mais je n'étais sûre de rien. Pas le temps de tergiverser, je devais me souvenir de la disposition des lieux. Il faisait sombre, une obscurité presque complète. Les bâches sur les toits empêchaient la pluie d’arriver jusqu’ici malgré les larges pans de plancher qui avaient été ôtés. Il me fallait monter à l’étage supérieur, et de là accéder aux combles par le jeu des échelles. À chaque pas dans le noir, j’avais l’impression qu’on m’encourageait, mais j’étais trop concentrée pour y prêter attention. Je savais que l’autre arrivait, il me suivait, pestait… Il avait compris que le sol était plein de vides, il avait décidé de monter par les escaliers en colimaçon pour me cueillir plus haut. Je me précipitai, gravis les échelles… Deuxième étage… Troisième étage, vite ! Il était déjà là ! Je manquai un barreau, me rattrapai, sentis que l’échelle glissait. Enfin je parvins à atteindre les poutres que je visais, celles qui permettaient de travailler sur le toit. J’étais assise en équilibre précaire sur le bois. Je ne voyais presque rien, il fallait que je me concentre pour ne pas chuter… Il arrivait, il était déjà là, en-dessous de moi. Furieux, il me disait qu’il me briserait, qu’il m’éventrerait et me violerait par mes plaies jusqu’à ce que j’en crève.
Pourquoi le plancher ne craquait-il pas ? J’avais placé tant d’espoirs dans ce bois censément pourri, et voilà qu’il soutenait un homme en armure lourde. J’étais désespérée et révoltée contre le hasard cruel qui aidait ce monstre. Je l’entendais qui prenait l’échelle que j’avais empruntée. Elle avait fini par glisser à terre, il la ramassa et la cala. Il commençait à grimper, de tout son poids. Le bois grinça, mais tint bon.
Un fantôme ? J’avais passé l’hiver ici, il n’y avait aucune hantise aux Hauts-Vents ! Comment ? Qui ?
« Nomme-moi ! »
Mais nommer qui ?
Soudain je compris : le corps n’était plus celui de Cethern, il l’avait perdu au profit d’un esprit maléfique, mais il restait quelque chose de lui qui était devenu un fantôme ancré à ses propres os, prisonnier d’une chair qu’il ne pouvait plus habiter. Comment ? L’armure ? Cette chose trop vivante qui semblait presque dotée d’une volonté de jouissance et d’intensité extrême de vivre ? Un objet de pouvoir ? J’avais lu des livres à ce sujet, mais je ne croyais pas avoir un jour l’occasion d’en approcher un !
« Cethern ! Cethern ! Cethern Mac Emmanon ! »
Je criais aussi fort que je pouvais, d’une voix suraiguë, à me faire mal. Je distinguai un mouvement confus dans la glace, et devinai une silhouette vaguement lumineuse dans son reflet. Je n'eus guère le temps de m'attarder sur cette vision, car déjà je saisissais le chandelier pour en frapper l’abomination. Les bougies s’éteignirent, j’entendis des coups, des chutes d’objets, mais je n’attendis pas de savoir ce qui se passait pour courir hors de la pièce.
Encore choquée, je ne sentais ni le sang qui coulait de mes blessures, ni le froid de la nuit. Je tenais tout juste debout. J’étais tellement déstabilisée qu’il me semblait être sur un bateau qui tanguait en pleine tempête. Le couloir que je connaissais si bien, une simple ligne droite d’une quinzaine de mètres éclairée sporadiquement par la foudre, me paraissait être un tunnel sans fin. Derrière moi j’entendais les hurlements de damnés en lutte, des fauves qui s’entre-déchiraient. À peine arrivais-je au bout du couloir que j’entendis le pas lourd de mon ennemi.
« Ton plan, c’était une bonne idée. »
Il me semblait entendre Cethern, mais je n'étais sûre de rien. Pas le temps de tergiverser, je devais me souvenir de la disposition des lieux. Il faisait sombre, une obscurité presque complète. Les bâches sur les toits empêchaient la pluie d’arriver jusqu’ici malgré les larges pans de plancher qui avaient été ôtés. Il me fallait monter à l’étage supérieur, et de là accéder aux combles par le jeu des échelles. À chaque pas dans le noir, j’avais l’impression qu’on m’encourageait, mais j’étais trop concentrée pour y prêter attention. Je savais que l’autre arrivait, il me suivait, pestait… Il avait compris que le sol était plein de vides, il avait décidé de monter par les escaliers en colimaçon pour me cueillir plus haut. Je me précipitai, gravis les échelles… Deuxième étage… Troisième étage, vite ! Il était déjà là ! Je manquai un barreau, me rattrapai, sentis que l’échelle glissait. Enfin je parvins à atteindre les poutres que je visais, celles qui permettaient de travailler sur le toit. J’étais assise en équilibre précaire sur le bois. Je ne voyais presque rien, il fallait que je me concentre pour ne pas chuter… Il arrivait, il était déjà là, en-dessous de moi. Furieux, il me disait qu’il me briserait, qu’il m’éventrerait et me violerait par mes plaies jusqu’à ce que j’en crève.
Pourquoi le plancher ne craquait-il pas ? J’avais placé tant d’espoirs dans ce bois censément pourri, et voilà qu’il soutenait un homme en armure lourde. J’étais désespérée et révoltée contre le hasard cruel qui aidait ce monstre. Je l’entendais qui prenait l’échelle que j’avais empruntée. Elle avait fini par glisser à terre, il la ramassa et la cala. Il commençait à grimper, de tout son poids. Le bois grinça, mais tint bon.
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Rendez-vous vendredi prochain à 21 heures !
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