Les vendredis de l'angoisse - Une Raison d'agir - EP 5
Pendant tout l'hiver, quoi de mieux que le feuilleton d'une petite nouvelle horrifique pour animer vos soirées auprès du feu ?Chaque vendredi, à 21 heures, nous vous proposerons un nouvel épisode de la nouvelle "Une Raison d'agir" écrite par Iris, l'une des auteurs des Ombres d'Esteren. Cette nouvelle sera publiée dans un recueil nommé Hantises, à paraître en 2014. Vous retrouverez plus d'informations sur cette future publication ici.
Vous pouvez retrouver les épisodes précédents :
Dans l'épisode précédent ...:
Ce fut alors qu’on frappa à la porte. Ce n’était jamais arrivé, j’en restai stupéfaite. On insista. L’orage roulait, assourdissant. Qui ? Un villageois ? Pourquoi si tard ? Un varigal surpris par le mauvais temps ? Alors que je me résolus enfin à aller voir, mon visiteur commença à secouer la poignée de la porte qui fermait mal, comme tout le reste, et l’ouvrit d’un coup. Je vis une silhouette massive, noire, se découper dans la brève lueur des éclairs tandis que la pluie s’était mise à tomber à verse.
*
* *
Une Raison d'agir - épisode 5
Il entra d’un pas lourd, avec une armure ancienne dont je m’étonnais même qu’il pût la porter, et ôta son casque.
Cethern ? C’était bien son visage, ses traits, mais son expression était dure et comme absente. Je crus un instant me tromper, qu’il s’agissait d’un inconnu tant il paraissait fatigué et songeur. Quel guerrier porterait un tel équipement ici, dans une région si isolée que même les brigands la désertaient ?
À présent qu’il s’approchait de la lumière du feu, je devinais des motifs sur l’armure qui étaient proches de certaines gravures que j’avais vues autrefois dans un livre. Je ne me rappelais pas exactement de quoi il s’agissait, mais j’en conçus un profond malaise. Quelque chose en moi me disait de fuir sur le champ la noirceur que je pressentais. Pourtant, c’était Cethern, même si peu avant je songeais à le quitter en abandonnant ce foyer en ruine… J’étais perdue, et comme souvent, j’avais du mal à chercher mes pensées et mes mots en même temps. Soudain, je sursautai à sa question :
« Eh bien femme, est-ce ainsi que tu accueilles ton époux ?
- Pardon. Souhaites-tu dîner ?
- Pourquoi pas.
- Je te prépare tout. Peut-être veux-tu que je t’aide à ôter ton armure ?
- Non.
- As-tu fais bon voyage ? Tu cherchais des fonds pour restaurer les Hauts-Vents ?
- J’ai ce qu’il faut.
- Vraiment ?
- Tu en doutes ? Attends. »
Ma voix était bien peu assurée et je m’inquiétais de chaque détail. Qui refuserait d’ôter une armure aussi monstrueuse alors qu’il était trempé ? Il ressortit et revint avec un coffre métallique d’un genre et d’un revêtement que j’estimai semblables à ceux de l’armure. Le tout me paraissait d’un poids considérable. Il le déposa non loin de la cheminée, éclairé d’une clarté rougeâtre et agitée, presque vivante.
« Ouvre. » Je m’exécutai. Le mécanisme était usé par les années et grippé, je dus forcer un peu… Et découvris brutalement l’éclat de richesses à la mesure des plus folles espérances de Cethern. Or, pièces, pierreries et joyaux d’ambre et d’émeraude ! Avec une telle somme, les Hauts-Vents pourraient non seulement être restaurés, mais devenir une demeure riche et agréable. J’étais partagée entre l’éblouissement et une sourde inquiétude qui ne me quittait plus. Je n’arrivais pas à regarder Cethern dans les yeux. Il y avait quelque chose dans son expression qui me mettait très mal à l’aise, comme s’il m’évaluait et se moquait. Je gardais la tête basse à examiner les pièces et les bijoux tandis qu’il mangeait et buvait à côté de moi. Il me paraissait immense, cette armure lui donnait l’air d’un géant alors même qu’il se déplaçait presque normalement avec elle.
Il entra d’un pas lourd, avec une armure ancienne dont je m’étonnais même qu’il pût la porter, et ôta son casque.
Cethern ? C’était bien son visage, ses traits, mais son expression était dure et comme absente. Je crus un instant me tromper, qu’il s’agissait d’un inconnu tant il paraissait fatigué et songeur. Quel guerrier porterait un tel équipement ici, dans une région si isolée que même les brigands la désertaient ?
À présent qu’il s’approchait de la lumière du feu, je devinais des motifs sur l’armure qui étaient proches de certaines gravures que j’avais vues autrefois dans un livre. Je ne me rappelais pas exactement de quoi il s’agissait, mais j’en conçus un profond malaise. Quelque chose en moi me disait de fuir sur le champ la noirceur que je pressentais. Pourtant, c’était Cethern, même si peu avant je songeais à le quitter en abandonnant ce foyer en ruine… J’étais perdue, et comme souvent, j’avais du mal à chercher mes pensées et mes mots en même temps. Soudain, je sursautai à sa question :
« Eh bien femme, est-ce ainsi que tu accueilles ton époux ?
- Pardon. Souhaites-tu dîner ?
- Pourquoi pas.
- Je te prépare tout. Peut-être veux-tu que je t’aide à ôter ton armure ?
- Non.
- As-tu fais bon voyage ? Tu cherchais des fonds pour restaurer les Hauts-Vents ?
- J’ai ce qu’il faut.
- Vraiment ?
- Tu en doutes ? Attends. »
Ma voix était bien peu assurée et je m’inquiétais de chaque détail. Qui refuserait d’ôter une armure aussi monstrueuse alors qu’il était trempé ? Il ressortit et revint avec un coffre métallique d’un genre et d’un revêtement que j’estimai semblables à ceux de l’armure. Le tout me paraissait d’un poids considérable. Il le déposa non loin de la cheminée, éclairé d’une clarté rougeâtre et agitée, presque vivante.
« Ouvre. » Je m’exécutai. Le mécanisme était usé par les années et grippé, je dus forcer un peu… Et découvris brutalement l’éclat de richesses à la mesure des plus folles espérances de Cethern. Or, pièces, pierreries et joyaux d’ambre et d’émeraude ! Avec une telle somme, les Hauts-Vents pourraient non seulement être restaurés, mais devenir une demeure riche et agréable. J’étais partagée entre l’éblouissement et une sourde inquiétude qui ne me quittait plus. Je n’arrivais pas à regarder Cethern dans les yeux. Il y avait quelque chose dans son expression qui me mettait très mal à l’aise, comme s’il m’évaluait et se moquait. Je gardais la tête basse à examiner les pièces et les bijoux tandis qu’il mangeait et buvait à côté de moi. Il me paraissait immense, cette armure lui donnait l’air d’un géant alors même qu’il se déplaçait presque normalement avec elle.
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Rendez-vous vendredi prochain à 21 heures !
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