Les vendredis de l'angoisse - Une Raison d'agir - EP 7
Pendant tout l'hiver, quoi de mieux que le feuilleton d'une petite nouvelle horrifique pour animer vos soirées auprès du feu ?Chaque vendredi, à 21 heures, nous vous proposerons un nouvel épisode de la nouvelle "Une Raison d'agir" écrite par Iris, l'une des auteurs des Ombres d'Esteren. Cette nouvelle sera publiée dans un recueil nommé Hantises, à paraître en 2014. Vous retrouverez plus d'informations sur cette future publication ici.
Vous pouvez retrouver les épisodes précédents :
Dans l'épisode précédent ...:
Du coin des yeux je voyais qu’il avait fini de manger. Il avait encore bu du vin et s’était tourné vers moi. Je comprenais plus ou moins qu’il était question de me violer pour son dessert. Pourquoi le voyais-je comme un viol ? De mon point de vue, nous avions un mariage de raison… Mais quand je le voyais dans cette armure qui avait dû être portée jusqu’à la fin de Gwaird par un de ses héros mort dans des circonstances abominables, avec un ton presque métallique d’automate de chair, tout mon être se révulsait. La seule perspective d’un contact intime avec une chose animée aussi roide et rude me donnait une sorte de nausée glacée.
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Une Raison d'agir - épisode 7
La seule chose qui m’évitait de sombrer dans la panique était une pensée stupide : comment comptait-il s’y prendre sans ôter son armure ? Elle paraissait presque collée à sa peau, comme une carapace d’insecte. J’essayais d'analyser cette protection sans le regarder avec trop d’insistance, pour ne pas provoquer quelque chose qui précipiterait ma fin. Je ne voyais aucun défaut. Même les articulations étaient agrémentées d’une sorte de cuir ou de toile cirée qui se pliait et se dépliait au gré des mouvements, tout en paraissait très solide. Il n’y aurait qu’un épéiste talentueux pour trouver là un point où frapper. Moi, avec mes poings ou une dague, je perdrais mon temps.
« Où est ta chambre ? »
La menace se précisait. Je déglutis difficilement sous le choc. Quelles alternatives avais-je ? Fuir dans le château et me cacher ? Courir dans ma chambre, m’y enfermer ? Dans les deux cas il pouvait me rattraper et j’imaginais que sa violence à mon égard serait bien pire. Devais-je me soumettre ? Des milliers de femmes s’y résolvent bien pour des motifs d’intérêt politique ou par manque d’argent…
« Conduis-moi. »
Il aurait dû savoir. Ses questions indiquaient qu’il n’était pas Cethern, même pas un Cethern perverti, mais bien quelqu’un qui avait son visage et ne connaissait que des bribes de sa vie. Cela signifiait qu’il ne connaissait pas le château. Peut-être que cela me donnait une chance ? Je devais au moins pouvoir le distancer, et peut-être fuir ensuite avec son cheval. Cela valait la peine d’essayer ! Je me levai et allai dans le couloir en marchant, avant de me mettre soudainement à courir comme jamais vers le fond, pour atteindre l’escalier en colimaçon menant à l’étage. De là les pièces, en état ou non, parfois reliées par des échelles pour monter jusqu’aux combles, m’offraient une réelle opportunité. Malgré sa rapidité dans cette armure monstrueuse, il devait peser au moins trois fois mon poids. Le sol pouvait craquer… J'avais une idée, et elle me donnait de l’espoir. Je savais où aller, où trouver mon salut.
Je n’avais que peu d’avance, il était vif. Je gravis les marches aussi vite que possible, relevant amplement ma robe pour ne pas trébucher. Il ne perdait pas son temps à me couvrir d’insultes, il me suivait, de près, je le devinais. La terreur m’étreignait, il me semblait que cet escalier ne finirait jamais. Enfin, l’étage ! Je crus être presque tirée d’affaire, mais il s’était jeté à terre pour m’attraper à la cheville. Il tira sèchement. Je fus emportée par mon élan vers l’avant, et je m’écrasai douloureusement sur le parquet rugueux du couloir. J’avais le souffle coupé et je savais qu’il fallait que je trouve rapidement une solution… Il me parut judicieux d’essayer de lui casser le nez, d’un coup de talon de ma jambe libre. Je me retournai pour prendre appui et élan, mais ce que je vis m’arracha un cri. Je crus voir son visage se déformer et prendre la forme d’un masque grimaçant, noirâtre. Mon coup perdit le peu de force qu’il avait. J’étais paralysée par la peur. Une partie de moi me suppliait de reprendre le dessus sous peine de mourir, mais c’était plus fort que moi, je n’arrivais pas à bouger. Tandis qu’il me tirait à lui, j’avais l’impression d’être une mouche immobilisée par une araignée qui s’apprêtait à la dévorer vivante.
La seule chose qui m’évitait de sombrer dans la panique était une pensée stupide : comment comptait-il s’y prendre sans ôter son armure ? Elle paraissait presque collée à sa peau, comme une carapace d’insecte. J’essayais d'analyser cette protection sans le regarder avec trop d’insistance, pour ne pas provoquer quelque chose qui précipiterait ma fin. Je ne voyais aucun défaut. Même les articulations étaient agrémentées d’une sorte de cuir ou de toile cirée qui se pliait et se dépliait au gré des mouvements, tout en paraissait très solide. Il n’y aurait qu’un épéiste talentueux pour trouver là un point où frapper. Moi, avec mes poings ou une dague, je perdrais mon temps.
« Où est ta chambre ? »
La menace se précisait. Je déglutis difficilement sous le choc. Quelles alternatives avais-je ? Fuir dans le château et me cacher ? Courir dans ma chambre, m’y enfermer ? Dans les deux cas il pouvait me rattraper et j’imaginais que sa violence à mon égard serait bien pire. Devais-je me soumettre ? Des milliers de femmes s’y résolvent bien pour des motifs d’intérêt politique ou par manque d’argent…
« Conduis-moi. »
Il aurait dû savoir. Ses questions indiquaient qu’il n’était pas Cethern, même pas un Cethern perverti, mais bien quelqu’un qui avait son visage et ne connaissait que des bribes de sa vie. Cela signifiait qu’il ne connaissait pas le château. Peut-être que cela me donnait une chance ? Je devais au moins pouvoir le distancer, et peut-être fuir ensuite avec son cheval. Cela valait la peine d’essayer ! Je me levai et allai dans le couloir en marchant, avant de me mettre soudainement à courir comme jamais vers le fond, pour atteindre l’escalier en colimaçon menant à l’étage. De là les pièces, en état ou non, parfois reliées par des échelles pour monter jusqu’aux combles, m’offraient une réelle opportunité. Malgré sa rapidité dans cette armure monstrueuse, il devait peser au moins trois fois mon poids. Le sol pouvait craquer… J'avais une idée, et elle me donnait de l’espoir. Je savais où aller, où trouver mon salut.
Je n’avais que peu d’avance, il était vif. Je gravis les marches aussi vite que possible, relevant amplement ma robe pour ne pas trébucher. Il ne perdait pas son temps à me couvrir d’insultes, il me suivait, de près, je le devinais. La terreur m’étreignait, il me semblait que cet escalier ne finirait jamais. Enfin, l’étage ! Je crus être presque tirée d’affaire, mais il s’était jeté à terre pour m’attraper à la cheville. Il tira sèchement. Je fus emportée par mon élan vers l’avant, et je m’écrasai douloureusement sur le parquet rugueux du couloir. J’avais le souffle coupé et je savais qu’il fallait que je trouve rapidement une solution… Il me parut judicieux d’essayer de lui casser le nez, d’un coup de talon de ma jambe libre. Je me retournai pour prendre appui et élan, mais ce que je vis m’arracha un cri. Je crus voir son visage se déformer et prendre la forme d’un masque grimaçant, noirâtre. Mon coup perdit le peu de force qu’il avait. J’étais paralysée par la peur. Une partie de moi me suppliait de reprendre le dessus sous peine de mourir, mais c’était plus fort que moi, je n’arrivais pas à bouger. Tandis qu’il me tirait à lui, j’avais l’impression d’être une mouche immobilisée par une araignée qui s’apprêtait à la dévorer vivante.
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Rendez-vous vendredi prochain à 21 heures !
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