Construire et publier une gamme de JDR (2013)
Troisième partie de ma rétrospective sur le parcours des Ombres. Vous pouvez retrouver ici la première partie et ici celle retraçant l'année 2012.
Nous voilà en 2013... Après une année sans publication en France, on pourrait s'interroger : pourquoi le Titanic n'a-t-il toujours pas coulé ? C'était sans compter sur Kickstarter !
Crowdfunding : devenir entrepreneur ou mourir
Kickstarter ouvrait la potentialité d'une professionnalisation de notre aventure. Ce thème commençait à devenir une obsession pour moi alors même que l'ensemble de l'équipe continuait à se démener... Combien de temps allions-nous pouvoir tenir encore à travailler le soir, le week-end ? Même s’il s’agissait d’un sujet crucial, cette préoccupation ne faisait qu'effleurer le sentiment d'exaltation d'alors : les premiers succès aux US étaient retentissants et nous étions sur un petit nuage !
Très vite, je me rendais compte que ces succès s'accompagnaient de lourdes contreparties : préparer quelques centaines de colis a l’avantage de rendre très concrète cette réalité. Au début 2013, le constat était donc le suivant : la masse de travail au niveau éditorial s'était envolé en quelques mois. Questions logistiques, suivi de fabrication, gestion de trésorerie, sollicitations email... Notre éditeur, en la personne de Valentin, a toujours participé à l'aventure à côté de son métier dans le cinéma. Il est rapidement devenu évident qu’il lui était impossible d'absorber complètement cette nouvelle quantité de travail. Je me suis donc positionné sur ces tâches. Son pragmatisme alliés à ma détermination nous ont permis de survivre à cette mutation brutale de l'activité.
Il faudra que je revienne sur cette expérience du crowdfunding et ce qu'elle implique - surtout en cas de succès. Les porteurs de projets doivent garder en tête qu’en se lançant dans une telle aventure, ils ne sont pas simplement concepteurs ou créateurs mais doivent devenir des entrepreneurs efficaces.
Le mythe du Titanic revenait à la charge : nous avions l'impression de nous être lancés en pleine mer, traversant des eaux hérissées de récifs, apercevant au loin d'autres navires couler à pic, alors qu'un mauvais choix les avait précipités vers une fin funeste (comme ce projet lancé quelques mois avant le livre 1 sur KS - gloups). Cela n'aura échappé à personne : un certain nombre de projets de financement participatif n'aboutissent pas.
Très vite, je me rendais compte que ces succès s'accompagnaient de lourdes contreparties : préparer quelques centaines de colis a l’avantage de rendre très concrète cette réalité. Au début 2013, le constat était donc le suivant : la masse de travail au niveau éditorial s'était envolé en quelques mois. Questions logistiques, suivi de fabrication, gestion de trésorerie, sollicitations email... Notre éditeur, en la personne de Valentin, a toujours participé à l'aventure à côté de son métier dans le cinéma. Il est rapidement devenu évident qu’il lui était impossible d'absorber complètement cette nouvelle quantité de travail. Je me suis donc positionné sur ces tâches. Son pragmatisme alliés à ma détermination nous ont permis de survivre à cette mutation brutale de l'activité.
Il faudra que je revienne sur cette expérience du crowdfunding et ce qu'elle implique - surtout en cas de succès. Les porteurs de projets doivent garder en tête qu’en se lançant dans une telle aventure, ils ne sont pas simplement concepteurs ou créateurs mais doivent devenir des entrepreneurs efficaces.
Le mythe du Titanic revenait à la charge : nous avions l'impression de nous être lancés en pleine mer, traversant des eaux hérissées de récifs, apercevant au loin d'autres navires couler à pic, alors qu'un mauvais choix les avait précipités vers une fin funeste (comme ce projet lancé quelques mois avant le livre 1 sur KS - gloups). Cela n'aura échappé à personne : un certain nombre de projets de financement participatif n'aboutissent pas.
Maintenir le cap
Au fil des mois, une équation complexe était en train de se mettre en place : l'activité se développait fortement (avec une masse de travail à l'avenant) sans que la structure puisse grandir (embaucher pour se consacrer davantage au projet et absorber le boulot). En clair, la pression est brutalement montée. Il y a une différence certaine entre mener un projet associatif dans son coin et devoir gérer des ventes engendrant des dizaines de milliers de dollars et impliquant des centaines de backers soucieux de recevoir leurs contreparties. Gérer tout cela en parallèle d'un autre métier peut rapidement devenir épuisant (euphémisme).
Cependant, j'ai proposé à mon équipage de maintenir le cap. Nous avions tellement travaillé et il nous semblait que nous pouvions toucher notre rêve du doigt. Il fallait tenir bon ! C'est ainsi qu'en mars 2013, nous avons lancé une nouvelle campagne de crowfunding, en France cette fois-ci : le Livre 3 Dearg.
Cependant, j'ai proposé à mon équipage de maintenir le cap. Nous avions tellement travaillé et il nous semblait que nous pouvions toucher notre rêve du doigt. Il fallait tenir bon ! C'est ainsi qu'en mars 2013, nous avons lancé une nouvelle campagne de crowfunding, en France cette fois-ci : le Livre 3 Dearg.
L'aventure du Livre 3 Dearg
2012 n'avait vu aucune publication mais nous n'avions pas chaumé. La grande campagne pour les Ombres avançait alors même que d'autres livres avaient été mis en chantier (dont un certain théma autour de l'occultisme que vous retrouverez bientôt..). La majorité des textes pour Dearg étant écrite, il m'a alors semblé réaliste d'annoncer une date de sortie pour décembre 2013, soit huit mois plus tard. Nous laisserait largement le temps de boucler et livrer l'ouvrage, me disais-je. Je l'ignorais alors mais je venais de faire une grosse erreur de pronostic (euphémisme-bis).
Lorsque nous avons lancé notre crowdfunding sur Ulule pour le Livre 3 Dearg, nous ne savions pas à quoi nous attendre : le financement participatif restait peu connu en France et le record de financement était alors détenu par Les Ludopathes pour la traduction d'Ars Magica, une grosse licence US : fin 2012, ils ont récolté un peu plus de 25.000 euros de financement au final.
Faire autant aurait déjà été une grande réussite, d'autant que nous proposions le financement d'une campagne et non pas d'une licence ou d'un livre de base. Nouvelle erreur puisque nous allions finalement réunir plus de 60.000 euros et déclencher la production d'un projet qui me semblait utopique (même moi je n'y croyais pas, c'est dire !) : un enregistrement symphonique pour la bande originale de Dearg avec l'Orchestre de la Radio de Hongrie, sous la direction d'un chef français ! Cerise sur le gâteau, le succès fut si retentissant que nous avons pu financer un concert classique de l’album en question. Grande première pour le jeu de rôle et moment inoubliable au Grand Temple de Lyon ! Un événement magique qui rassembla plus de 500 personnes et dont nous nous souviendrons longtemps !
Lorsque nous avons lancé notre crowdfunding sur Ulule pour le Livre 3 Dearg, nous ne savions pas à quoi nous attendre : le financement participatif restait peu connu en France et le record de financement était alors détenu par Les Ludopathes pour la traduction d'Ars Magica, une grosse licence US : fin 2012, ils ont récolté un peu plus de 25.000 euros de financement au final.
Faire autant aurait déjà été une grande réussite, d'autant que nous proposions le financement d'une campagne et non pas d'une licence ou d'un livre de base. Nouvelle erreur puisque nous allions finalement réunir plus de 60.000 euros et déclencher la production d'un projet qui me semblait utopique (même moi je n'y croyais pas, c'est dire !) : un enregistrement symphonique pour la bande originale de Dearg avec l'Orchestre de la Radio de Hongrie, sous la direction d'un chef français ! Cerise sur le gâteau, le succès fut si retentissant que nous avons pu financer un concert classique de l’album en question. Grande première pour le jeu de rôle et moment inoubliable au Grand Temple de Lyon ! Un événement magique qui rassembla plus de 500 personnes et dont nous nous souviendrons longtemps !
La consécration
Après ce nouveau succès (qui surpassait les scores du Book 1 et Book 0 aux US !), les mois défilèrent. Finaliser Dearg, duquel je suis l'auteur principal, se révéla plus compliqué que prévu. Les playtests et retours nourris de la communauté donnèrent une nouvelle ampleur au travail nécessaire pour finir certains aspects du livre. L'été arriva et ce fut le moment de lancer une nouvelle campagne sur Kickstarter pour le Book 2 Travels. À la demande de la communauté, le livre fut également proposé sur la plateforme Ulule, au même moment, en français. Tout cela dans un contexte où le Esteren Tour battait son plein avec plusieurs dates à l'étranger et où le livre de base des Ombres était nominé trois fois aux prestigieux ENnies Awards, la récompense ultime décernée aux jeux de rôles à Indianapolis. Autant dire que ces mois furent une période d'effervescence mais toujours dans un contexte semi-pro : toujours après le boulot, le soir...
Le succès du Book 2 Travels dépassa toutes nos espérances. Son résultat enfonça ceux des Book 0 et Book 1 en faisant même plus que les deux premières campagnes cumulées ( !!!). 130.000 dollars pour un supplément, c’était le choc. Encore aujourd'hui, Travels est dans le top 50 des projets estampillés "JDR" sur la plateforme Kickstarter. Sans compter que la campagne Ulule fut également un succès, ce qui permit de financer une réédition de ce livre depuis un moment épuisé. Dans la foulée, nous retournions aux US pour la GenCon et ce fut la consécration : Esteren remporta trois Ennies dont deux en or et un en argent dans les catégories Best Art, Production Value et Product of the Year. C'était la première fois pour un JDR français ; nous nagions dans une sorte de rêve éveillé. La cérémonie des Ennies, à laquelle nous avons participé reste un souvenir magique. Voir mon compère de toujours, Gawain, qui illustre pour la gamme sans relâche depuis 2006, monter sur les marches… ce fut un moment très fort. Autant pour Valentin, qui nous accompagne depuis tout ce temps ou Clovis, qui a produit un travail de traduction remarquable.
Le succès du Book 2 Travels dépassa toutes nos espérances. Son résultat enfonça ceux des Book 0 et Book 1 en faisant même plus que les deux premières campagnes cumulées ( !!!). 130.000 dollars pour un supplément, c’était le choc. Encore aujourd'hui, Travels est dans le top 50 des projets estampillés "JDR" sur la plateforme Kickstarter. Sans compter que la campagne Ulule fut également un succès, ce qui permit de financer une réédition de ce livre depuis un moment épuisé. Dans la foulée, nous retournions aux US pour la GenCon et ce fut la consécration : Esteren remporta trois Ennies dont deux en or et un en argent dans les catégories Best Art, Production Value et Product of the Year. C'était la première fois pour un JDR français ; nous nagions dans une sorte de rêve éveillé. La cérémonie des Ennies, à laquelle nous avons participé reste un souvenir magique. Voir mon compère de toujours, Gawain, qui illustre pour la gamme sans relâche depuis 2006, monter sur les marches… ce fut un moment très fort. Autant pour Valentin, qui nous accompagne depuis tout ce temps ou Clovis, qui a produit un travail de traduction remarquable.
Vous étiez prévenus
Auréolés de ces nouveaux succès, nous sommes rentrés en France pour très vite nous rendre compte d'une réalité : le Livre 3 Dearg ne serait pas prêt comme prévu pour décembre 2013. Le projet était bien avancé mais le travail qui restait à faire était massif, surtout en ajoutant la production de certains bonus financés pendant la campagne de souscription et qui s'étaient ajoutés au contenu de base de Dearg.
Quelque part, j’aurais pu l’anticiper. Mais c'est souvent en se confrontant soi-même aux difficultés que l'on en prend la pleine mesure. Si cet écart ne remettait pas en cause le projet, les conséquences demeuraient difficiles à mesurer. Cela nous montrait aussi toute la complexité du projet que nous voulions pérenniser : un succès isolé était une bonne chose ; le répéter était une autre paire de manches.
Quelque part, j’aurais pu l’anticiper. Mais c'est souvent en se confrontant soi-même aux difficultés que l'on en prend la pleine mesure. Si cet écart ne remettait pas en cause le projet, les conséquences demeuraient difficiles à mesurer. Cela nous montrait aussi toute la complexité du projet que nous voulions pérenniser : un succès isolé était une bonne chose ; le répéter était une autre paire de manches.
Et la suite ?
L'année 2013 allait se finir et les publications avaient repris en France : le Kit du meneur au printemps (qui offrait un nouvel écran) et les épisodes 1 et 2 de la campagne Dearg. Quand je regarde en arrière, avec une année si mouvementée et le contexte de réalisation des livres toujours aussi artisanal, c'était déjà pas mal ! Bien sûr, on aurait espéré faire mieux et livrer Dearg dans les temps. Cette mésaventure allait lancer une réflexion de fond dans l'équipe et même modifier notre façon de travailler.
Il était déjà temps de penser à l'année suivante. Le projet de professionnalisation se précisait et 2014 pouvait être une année charnière. Nous étions épuisés mais plus motivés que jamais !
Il était déjà temps de penser à l'année suivante. Le projet de professionnalisation se précisait et 2014 pouvait être une année charnière. Nous étions épuisés mais plus motivés que jamais !
0 commentaires: